Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1444 le 11 septembre 2020
Par Eugénie DE ZUTTER, Présidente du SNALC de Reims.
En mars dernier, à l’invitation du SNALC de CHAMPAGNE-ARDENNE, Michel Desmurget est venu présenter à Reims dans les locaux de Sciences Po son livre à succès La Fabrique du crétin digital* dans lequel il explique, preuves et références scientifiques à l’appui, la nocivité des écrans sur les enfants, que ce soit à l’école ou à la maison.
Michel Desmurget est docteur en neurosciences et directeur de recherches à l’INSERM. Le temps d’une conférence, dans un amphithéâtre plein à craquer, il a démontré, en citant de nombreuses études, que :
– chaque jour, les enfants passent un très grand nombre d’heures derrière des écrans (smartphones, tablettes, ordinateurs, télévisions) ;
– cette frénésie de consommation numérique a des conséquences très négatives sur leur développement cérébral et provoque une régression dans de nombreux domaines :
○ en diminuant leur temps alloué à leurs devoirs ainsi que la durée et la qualité de leur sommeil,
○ en retardant le développement de leur langage (décodage, communication),
○ en perturbant leurs capacités de concentration et d’attention.
– l’arrivée massive du numérique dans les écoles est une idée coûteuse qui n’apporte aucune amélioration des résultats scolaires et au contraire peut causer des régressions ;
– la seule manière d’exercer une influence positive et durable sur les élèves est un enseignement dispensé par des professeurs qualifiés et bien formés.
Cette analyse sans concession met à mal le discours dominant dans l’Education nationale selon lequel le recours massif au numérique serait la solution miracle aux maux de notre système éducatif. En effet, les sites institutionnels et les recommandations pédagogiques pullulent de préconisations pour injecter du numérique partout et vont jusqu’à le présenter comme un moyen efficace de lutte contre l’échec scolaire et de réduction des inégalités sociales. l
Alors que dire des lourdes dépenses faites par notre région académique dans le cadre du plan « lycée 4.0. » ? Depuis plusieurs années, elle a investi dans l’achat d’ordinateurs pour tous les lycéens et dans le financement de toutes les infrastructures nécessaires à l’utilisation d’internet dans ses établissements. Il suffit de lire et d’écouter Michel Desmurget pour comprendre une bonne fois pour toutes que c’est une catastrophe pédagogique doublée d’une gabegie économique !
A travers ses publications et ses entretiens avec les autorités, le SNALC n’a de cesse de dénoncer l’invasion du numérique, sans consultation, dans nos écoles, de la maternelle au supérieur. Il est aujourd’hui conforté par les arguments scientifiques regroupés dans La Fabrique du crétin digital. Avec une telle démonstration, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas !
Le SNALC de CHAMPAGNE-ARDENNE s’entretiendra sur ces différents sujets avec les autorités.
La position du SNALC à propos des usages du numérique à l’école :
– dénoncer la propagande visant à présenter le présenter comme un moyen d’éducation et de lutte contre l’échec scolaire,
– résister aux pressions à l’égard des collègues qui ont l’audace de manifester prudence et retenue face à la mode du tout-numérique,
– promouvoir une école centrée autour des enseignants (et non des machines), transmetteurs de savoirs et de compétences