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Le dictat de la bienveillance ?

© avec l'aimable autorisation de Wesh Wesh Prof @weshweshprof

LE DICTAT DE LA BIENVEILLANCE ?

 

Qu’est-ce que la bienveillance ? C’est une disposition d’esprit qui, pour le bien et le bien-être d’autrui, incline à la compréhension, à l’indulgence et à l’attention.

Enseigner, par excellence, reprend ces points. Nous sommes par essence tournés vers autrui en tant que transmetteurs de savoirs et savoir-faire. Quotidiennement, nous écoutons, nous adaptons, nous changeons nos attentes en apprenant telle ou telle situation d’élève. Et progressivement, lentement, de leurs 3 à 16 ans, voire plus, nous formons de futurs adultes, citoyens, travailleurs afin qu’ils développent des stratégies pour apprendre, s’adapter et vivre leur vie personnelle et professionnelle pleinement et de façon responsable. Nous les instruisons pour qu’ils soient des êtres éclairés, aptes à faire des choix raisonnés, conscients et non dictés par l’ignorance ou la peur. Nous œuvrons donc naturellement pour leur bien et leur bien-être.

Voilà pourquoi, s’entendre dire que nous ne faisons pas assez preuve de bienveillance à l’égard de nos élèves, que notre évaluation était forcément mal penser puisque la moyenne de classe est jugée trop basse… STOP ! Combien d’entre nous acceptent des devoirs bien après la date limite de remise ? Combien d’entre nous ont pensé et pensé encore à des stratégies multiples et variées pour revaloriser des évaluations mal réussies (la refaire à l’identique ou à peine différente, avec le cahier de cours, sur table ou à la maison, avec des points bonus ou des changements de barème, etc.).

Mais, arrive inévitablement le moment où, en prenant du recul, l’on se dit que l’on ment : on se ment, on ment aux élèves, on ment à leur famille, on ment à l’institution… Et pour quoi ? pour ne pas faire de vague, pour tenter de se persuader que tout va bien dans le meilleur des mondes ou encore ne pas subir les remontrances de notre administration ou des parents qui refusent de voir un enfant ‘en échec scolaire‘.

Car en effet, le terme d’échec est tabou dans l’Education Nationale. Il ne faut que réussites, validations, compétences acquises, points verts et à bas l’échec. Mais, réfléchissons un instant. Avons-nous réussi à marcher, à faire du vélo sans jamais tomber ? Sommes-nous capables de courir un marathon ou de partir en orbite autour de la Terre, du jour au lendemain, simplement parce que nous l’avons décidé ? Tous les échecs, les chutes, les déboires que nous avons vécus nous ont appris ce qui fonctionne ou pas. L’échec est un élément formateur. Il n’est donc pas négatif, au contraire. Il forme l’expérience et l’expérience, le savoir.

« Je ne perds jamais ; soit je gagne, soit j’apprends » Nelson Mandela
« Je n’ai pas échoué, j’ai trouvé dix mille moyens qui ne fonctionnent pas » Albert Einstein
 

L’échec n’est donc pas le problème. L’abandon l’est. Arrêter d’essayer l’est.
Et là, le nombre d’élèves n’essayant plus, refusant de travailler mais présents en classe, élèves qu’il ne « faut pas aller titiller » ainsi, « vous avez la paix (sic)» est croissant. Ces élèves font des émules car nous sommes obligés d’être ultra conciliants et tolérants.

Mais, ne serait-ce pas là la définition du laxisme ?

 

Claudine Beugnon, secrétaire académique,
SNALC de Champagne-Ardenne
snalcdechampagne@gmail.com

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