Article publié dans la Quinzaine universitaire n°1454 du 11 juin 2021
Par Anne MUGNIER, membre du Bureau national chargé des rémunérations
La « prime d’attractivité » mensuelle présentée par le ministère dans le cadre de l’agenda social a commencé à être versée fin mai aux professeurs, CPE et Psy-EN.
Cette prime revalorise correctement les tout premiers échelons, mais est fortement dégressive et s’arrête après le 7e échelon : on attendait donc un plan de revalorisation pluriannuel pour l’ensemble de la carrière des personnels concernés. Il n’en sera rien.
Le premier des « douze engagements » du Grenelle de l’éducation publiés le 28 mai consiste ainsi à « mieux reconnaître financièrement l’engagement des personnels : 1,1 milliard d’euros en 2 ans (2021-2022). L’introduction évoque le souhait de l’État de « poursuivre ses efforts de rémunération en direction de ces mêmes personnels » et de « renforcer ainsi l’attractivité du métier de professeur ».
Mais cet engagement arrive à échéance aux prochaines élections et ne donne aucune précision sur la concrétisation de ces nouveaux « efforts » à destination des enseignants et « assimilés ».
Le texte précise ainsi que sur le budget de 700 millions annoncé pour l’année 2022, 100 millions seront alloués à « la montée en puissance des mesures de 2021 », 400 millions « pour la mise en oeuvre des nouveaux engagements » et 200 millions « pour la protection sociale complémentaire » (soit une participation de 15€ au financement de la mutuelle).
Il est également indiqué que la prime d’attractivité a un coût annuel de 253 millions d’euros, et que les « nouveaux engagements » incluent les corps d’inspection, les personnels administratifs, de santé et les AESH.
En recoupant ces quelques chiffres et indications, on comprend que l’augmentation des rémunérations des professeurs, CPE et Psy-EN sera de nouveau bien modeste, et qu’elle ne concernera une fois de plus que peu d’entre eux, laissant au gouvernement suivant le soin de poursuivre ou non cette poussive revalorisation des carrières sans perspective de long terme. Le ministère prévoit d’annoncer dès juillet 2021 le contenu des nouvelles mesures 2022, après avoir consulté en juin les partenaires sociaux. Rendez-vous donc le mois prochain pour juger de la pertinence des « efforts » consentis et de leur avenir.