Si l’on se réfère au protocole sanitaire en vigueur, « dans les écoles élémentaires, les collèges, et les lycées (…), si la configuration des salles de classe (surface, mobilier, etc.) ne permet absolument pas de respecter la distanciation physique d’au moins un mètre, alors l’espace est organisé de manière à maintenir la plus grande distance possible entre les élèves ».
Mais qu’en est-il de l’application réelle de cette consigne sur le terrain ? Je vous invite à bien observer l’image suivante afin de vous faire votre opinion !
Force est de constater que pour continuer à appliquer les consignes ministérielles en termes de progression et de travail collaboratif, nombre d’entre nous ont été amenés à déroger au protocole et à ne pas respecter ce geste barrière parmi les plus fondamentaux qu’est la distanciation sociale.
Les enseignants et les élèves se retrouvent malheureusement encore trop souvent, et ce, durant une bonne partie de la journée à des distances que l’étude de la proxémie, l’analyse des distances interpersonnelles, qualifierait d’intime.
Ces distances dont on sait qu’elles favorisent la propagation du virus et qui, selon l’organisation mondiale de la santé et le Centre de contrôle des maladies américain, devraient être évitées. Dans un avis du 21 mars, ce dernier recommande d’ailleurs une distance de 3 pieds soit 90cm environ entre les élèves !
Alors, me direz-vous, comment se fait-il qu’en France on ne cherche pas toujours à écarter a minima les tables des enfants ?
La raison se trouve peut-être dans un biais cognitif mis en évidence par Daniel Kahneman* : face à une certitude de perte comme l’impossibilité de maintenir une distance d’un mètre, on se retrouve alors à prendre des risques – foutu pour foutu – et à accepter des distances bien trop faibles.
Imaginons un instant qu’un enfant porte la main à son masque ou à son visage avant de toucher son camarade ou les affaires de celui-ci et ce à plusieurs reprises : n’y aurait-il pas là un risque évident de contamination ?
Car comme le rappelle la revue Prescrire* : « On se contamine en (…) touchant une main, un visage, une surface ou un objet contaminé par le virus, puis en portant sa main à la bouche ou au nez, souvent sans s’en rendre compte. »
Il semble donc que vivre et enseigner avec la COVID demande de faire rapidement certains choix tant au niveau organisationnel qu’au niveau pédagogique.
Afin de pérenniser notre organisation et maintenir les écoles ouvertes tout en protégeant chacun, le SNALC demande donc au gouvernement de prendre ses responsabilités et d’afficher un discours clair sur la distanciation qui reste bien l’un des gestes barrières élémentaires, et ce malgré le port du masque.
*Daniel Kahneman est un psychologue et un économiste américano-israélien, professeur à l’université de Princeton, lauréat du prix Nobel d’économie en 2002.
*Prescrire : Info Patients : « Réduire la transmission du virus du Cvid-19 », 5 octobre 2020
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