Article publié dans la Quinzaine universitaire n°1455 du 9 juillet 2021
Par Laurent BONNIN, secrétaire national chargé de l’EPS
L’EPS n’échappe pas aux bouleversements de la voie professionnelle et aux profits économiques des réformes Blanquer. Il aura fallu 3 années pour que se mettent en place les nouveaux horaires d’EPS dans la filière Bac Pro. Trois années bancales et de réadaptation pour les collègues. En 2019-20 les classes de seconde ont gagné 30 minutes d’EPS passant de 2h à 2h30 hebdomadaires, vite compensées en 2020-21 par la perte de 30 minutes en classes de 1ère ramenées à 2h30 par semaine, au lieu des 3h précédentes. À la rentrée 2021-22 ce sont les classes de terminale qui vont perdre à leur tour 30 minutes et passer de 3h à 2h30 d’EPS hebdomadaire.
Sous prétexte d’alignement des 3 niveaux sur 2h30 de pratique hebdomadaire, la réforme a réduit le volume global d’EPS pour ces lycéens, économisant au passage quelques postes. Cette réduction de 30 minutes hebdomadaires peut sembler anodine. C’est au contraire une grande perte ! En EPS, disposer de 3 heures d’enseignement c’était garantir aux élèves deux temps de pratique par semaine et donc une activité régulière et distribuée, une activité régulière et distribuée pour tous, en particulier ceux qui n’en ont pas en dehors de leurs établissements.
Comme il est devenu moins efficace de pratiquer des séances uniques de 2h30 (trop longues) ou des séquences dédoublées d’1h15 (trop courtes compte tenu des déplacements et du temps de vestiaire), les équipes sont en quête de solutions. Un moindre mal serait de planifier 2h d’EPS une semaine et deux créneaux d’1h30 la semaine suivante. Mais pour des raisons d’organisation, la plupart des établissements ne le peuvent pas. La formule majoritairement retenue consiste à programmer 2h par semaine. Les 30 minutes restantes sont capitalisées pour réaliser des activités ponctuelles ultérieures (sorties plein-air, journées banalisées …).
Ainsi en supprimant une demi-heure d’EPS sur la dernière année des Bac Pro, c’est tout le parcours des lycéens qui est impacté et leur activité physique drastiquement réduite. Cela démontre bien une fois encore le véritable intérêt du ministre à l’égard des élèves de ces filières et de cette discipline.