Article publié dans la Quinzaine universitaire n°1454 du 11 juin 2021
Par Laurent BONNIN, secrétaire national du SNALC chargé de l’EPS
Après plus d’un an d’épidémie, l’année scolaire touche à sa fin. Elle laisse les collègues, exténués, déstabilisés sinon désabusés par des injonctions limitantes, fluctuantes et incessantes qui les ont contraints quotidiennement à se réinventer, à se dépasser et à assurer leur enseignement, quoi qu’il leur en coûte.
S’il est encore difficile de mesurer tous les impacts de cette crise sur les élèves et la discipline, il est néanmoins indispensable d’en repérer les premiers effets et d’anticiper pour une fois l’avenir. Par exemple, la distanciation physique qui s’est ancrée dans la durée, dans les habitudes et dans la corporéité aura marqué les élèves. Reconquérir la proximité qui se construisait antérieurement par la pratique des sports de combat, de l’acrosport, de la danse, des sports collectifs, et dont dépend une part importante de leur socialisation, sera nécessaire.
Par ailleurs, la sédentarité qui affecte la jeunesse et qui a conduit à un recul important de son potentiel physique, a encore progressé, accentuant un peu plus ces déficits. Certains attendus en EPS, sources d’immobilisme, ne devraient-ils pas être reconsidérés ? Si des priorités ont été fixées en temps de crise, ne faudrait-il pas en faire autant pour la reprise ?
Ainsi, rien demain ne devrait se dérouler comme hier. C’est dès aujourd’hui qu’il faut s’en préoccuper, d’autant que, selon l’évolution de l’épidémie, des variants, de la vaccination, des incertitudes sanitaires demeurent. Différents scénarios seront donc possibles. Quelle sera alors l’EPS à la rentrée ? Les programmes resteront-ils formellement à appliquer ? Quelle place accorder aux activités de contact ?…
Il est urgent que les représentants des organisations syndicales soient consultés et associés aux chantiers à venir. Le pays va sortir le 30 septembre de l’état d’urgence sanitaire. Les décisions qui concernent toute une profession et des millions d’élèves, prises à l’emporte-pièce, entre quatre yeux ou deux couloirs, sans aucune concertation, expédiées un 1er mai pour être appliquées le surlendemain, ne seront plus acceptables.